Titre
Retour au menu
CAPU 1974

Claude, aujourd'hui en retraite se rappelle des moments importants qui ont jalonné sa carrière de simple flic.

Le simple flic, le Gardien de la Paix qu'on voit dans les films apporter le café aux inspecteurs...

Mais la réalité est tout autre, car ce sont ces Gardiens de la Paix la nuit qui chassent "le crâne"... en effet, lorsque le soleil est couché la population est tout autre...et ces policiers n'ont pas besoin de café, car l'adrénaline est là pour les tenir éveillés !

Merci à claude pour son témoignage.

 

Centre d'Application des Personnels en Uniformes (CAPU) 1974.
  • Claude raconte...

Carnet CAPU

Carnet de l'école de police

Carte Police

je me présente Claude sous-brigadier ; je suis retraité de la Police Nationale depuis avril 2005. Retraite prise à 52 ans par anticipation. En ayant comme pas mal, plein les bottes vu que les choses se dégradent dans notre " grande maison".

De plus, ayant 39 annuités et demie alors que la boite ne m'en a payé que 37 et demie, aucun intérêt à faire du rab pour la gloire. Mais attention, pas de méprise, j'ai aimé mon boulot, notamment celui qui se pratiquait il y a hélas quelques années déjà.

A 17 ans et demie, en octobre 1970, je me suis engagé dans l'armée de terre "le Train" ; 1 an d'école de sous-off à Tours et je sors maréchal des logis.

Mutation au 1er régiment du train à paris 15ème où je fais 3 années. Mais le boulot devenant assez monotone, je fais comme la plupart, je ne ressigne pas et passe le concours de Gardien de la Paix.

Reçu, je quitte l'armée le 30/09/1974 et je rentre à l'Ecole de Police au CAPU à PARIS pour 4 mois le 1er/10/1974.

   

Je fais mon école sans problème et termine, me semble t-il, dans les 150 ou 200 sur plus de 800. Mais désenchantement pour les 3/4, affectation sur PARIS.

Pan! muté à la compagnie Élysée ou je fais la plante verte 1 mois.

Puis, j'ai une mutation de nouveau, je suis content, mais bingo! le 16ème. C'est un arrondissement à bitume où je refais la plante verte devant les ambassades, consulats, etc... J'effectue quelques rares missions Police-Secours ou des patrouilles.

Le point positif, c'est l'obtention des congés au mois d'août en entier.

 

Au poste de police

Au poste de Police

Reserve MO

Réserve MO en BAC nuit 1987

Puis mutation à nouveau au 1 er octobre à la 6ème Compagnie d'Intervention. Là, par contre, je m'adapte tout de suite. Je sens que je vais me plaire. Effectivement, rien à voir, on bouge pas mal, du maintien de l'ordre, des patrouilles en cars de section.
Le côté négatif, une section tous les jours sur le 7ème arrdt , et oui, il y a l'Assemblée Nationale, et X ministères ; à l'époque, il y avait pratiquement des manifs en permanence. Manifestations pacifistes la plupart du temps, mais besoin de "poulets" sur place.
   
Sinon, bonne ambiance, de bons chefs et aucun souci pour poser des congés. De plus, j'avais passé le permis D, donc je faisais moins de bitume et de belles balades dans PARIS. Il fallait voir le folklore lors de nos déplacements en formation. Puis, les années passant, je voulais connaître autre chose. après X demandes, je réussis au bout de 8 années de boutique à être muté à l' UMSN ( Unité Mobile Sécurité de Nuit) 6ème district, qui s'appellera rapidement la BMAN D6, ( Brigade Mobile d'Arrondissement de Nuit) en gros, c'est comme la BAC en tenue de PARIS actuellement.

6District

Déplacement d'une section

C'est un travail de nuit 6 jours sur 8 ; avec une vacation de : 23h20/05h45. Vers la fin, les horaires ont changé et nous finissions à 6h30.

Insigne BMAN6

Insigne de la BMAN 6D

 

Ce sont mes meilleures années de flics. Pas mal d'arrestations, de "chasses", pas une semaine en général sans en avoir une. Et souvent d'ailleurs, on faisait tout PARIS, au lieu de rester dans notre district. On a cassé quelques voitures, mais bon, nos chefs de l'époque nous défendaient et travaillaient comme nous sur la Voie Publique. C'est ce qui faisait toute la différence. En cas de pépin, ils étaient sur place et savaient nous aider.

 

Mais, tout ne fut pas rose pendant les 8 années où je suis resté avant d'être muté en province fin 1990. Nous avons perdu notamment un collègue motocycliste abattu dans le bois de Boulogne, un autre blessé grièvement. Triste souvenir.

Accident

Accident suite à une chasse

Je me souviens de ce tragique évènement, c'était le 23/11/1983.
Au départ, Claude HOCHARD et son collègue motocycliste contrôlent simplement un motard ; puis, au moment de le laisser partir, pris d'un doute, les 2 collègues lui ordonnèrent de descendre de sa moto. Celui-ci alors s'enfuit et une poursuite débute. Malheureusement, son collègue chute avec sa moto, il est lâché. Il ne peut plus assister son collègue. Cela a démarré sur les Boulevards extérieurs sur le 15ème arrondissement de Paris. Alertés par radio, on part en trombe rejoindre ce collègue ; on entendait Claude difficilement donner des renseignements par radio.
BMW de la nuit
Puis, d'un coup, le silence total. On savait juste que la poursuite allait en direction du bois de Boulogne. Le Brigadier Claude HOCHARD fut découvert au pied de sa moto, blessé mortellement par balle. On a su plus tard que l'individu avait pris une arme cachée sous la selle. Nous avons patrouillé toute la nuit dans le bois sans succès. L'individu ayant pris la fuite en prenant un taxi. On a appris après coup qu'il s'agissait de l'ennemi public N°1 du moment ; il fut arrêté deux jours plus tard suite à une prise d'otages.
Les nuiteux se connaissent, Claude sur une BMW des collègues motocyclistes de la nuit.

Trois semaines plus tard, un autre motocycliste fut également bléssé à la tête par le tir d'un fusil de chasse à la limite du bois de Boulogne. L' individu fut interpellé dans un parking par une BAC civil du 16ème je crois. Sur le moment, on leur en a voulu, car l'individu avait toujours son arme, mais s'est rendu lâchement. Il a fallu d'ailleurs le protéger afin qu'il reste à peu près en bon état, vu la colère de tous les collègues sur place.

Accident

Accident suite à une chasse

Mais, parfois, c'est en face qu'il y avait de la casse. Un collègue, à 6 mois de la retraite a abattu un voleur de voiture place Denfert Rocherault. Mais c'était une affaire carrée de légitime défense et pas en rapport avec tout le cinéma journalistique fait autour et qui cherchait la "bavure policière".

 

Pour ma part, on s'est fait tirer dessus un fois par un tocard sortant d'une boite de nuit. Poursuite et arrestation sans casse ; mais tout de même un impact de balle dans le capot moteur de la voiture pie. Nous n'avons pas ouvert le feu vu le nombre de noctambules sur la Voie Publique. Résultat : le blaireau a pris 3 ans fermes.

 

P08

Un P38, l'arme d'un malfaiteur

Acte de courage
Quant à nous, l'équipage, nous étions 4, et avons reçu une belle médaille pour acte de courage et dévouement. Mais le meilleur, c'est que j'ai pris 2 échelons et ça, ça fait vachement plaisir au porte-monnaie. Bon, le syndicat tenait encore la route à cette époque (c'était en 1983). Ces 8 années passèrent vite. Puis vient le temps de la mutation en province.

Muté à LIMOGES, content, mais un peu inquiet quand même après 16 années de PP. Mon inquiétude se révéla juste bien vite.

Je me présentais la veille et déjà, on me cherchait de partout. J'ai été reçu à la va-vite par un officier et j'ai été affecté en section de roulement. Cerise sur le gâteau, prise de service immédiate et tout le Week-end, samedi après-midi, dimanche matin et dimanche soir. Dans la foulée rappel avec retour pour 4 heures le lundi après-midi. A la PP, ils te faisaient en principe prendre le service le lundi suivant ton affectation.

Medaille

décoré pour acte de courage et de dévouement

verbalisation

Prise de renseignements sur un véhicule volé

Dans cette section, il y avait que des anciens, une bonne ambiance de boulot, et un travail de Police Secours consèquent avec pas mal d'accidents ; et moi qui n'en avaient jamais fait!
Par contre des horaires de fou. Après-midi, matin, nuit et rappel une fois sur deux, bonjour le rythme!
Au bout de 2 années, j'en avais marre, je mutais en bureau de police et je fais 2 bonnes années avec un bon chef de bureau, un super inspecteur qui avec la réforme passa officier.

 


Horaire de semaine, contact avec la population et les commerçants. Evidemment toujours nos tocards qui mettaient de l'animation dans le quartier. Par contre, je n'ai jamais eu le moindre souci, même seul dans la cité ou le centre commercial. Nos clients nous disaient même bonjour (enfin, pas tous). Puis, en 1996, il y a eu la création d'une BAC jour en civil.

 

BMAN 6D

Médaille sur socle de la 6ème Cie de District offerte lors du départ de Claude en province

Manege incendie

incendie d'origine criminel

4 postes sont ouverts. Je postule et je suis accepté. Travail de jour, 13h/21h. Je me retrouve avec 2 jeunes et un ancien. On démarre notre boulot dans l'inconnu, vu que la journée, à part la PJ, aucun flic en civil. On fait rapidement tomber des affaires. Bon, pas des grosses, mais pas mal de stups, pas mal de vols à l'étalage, des voleurs de voitures, et oui, quelques uns quand même. On portait également assistance aussi aux collègues vu la misère des effectifs. Récurrent à la boite, le problème de moyens, on doit pleurer une bagnole à la Sureté tous les jours, une clio, avec ça, on ne va pas loin pour les "chasses".

Lorsque nous bossons à 4, 2 sont en patrouille pédestre jusqu'à 18h00, là, à la fermeture des bureaux, on peut récupérer une deuxième bagnole. Cela se passe bien la première année, mais ensuite des tensions se créent entre nous. Moi et mon collègue ancien avons nos méthodes de travail et les 2 jeunes une autre. Hélas, à mon avis ils ramenaient tout et n'importe quoi ; du coup nous avons des sacrés tensions parfois avec l'OPJ. Il faut bosser mais pour faire du chiffre.

 

P08

P08 saisi sur un malfaiteur

chasse

La voiture des malfaiteurs à la fin d'une poursuite

Résultat, en septembre 1998, je suis éjecté du jour au lendemain et muté en section de roulement. Motif officieux et non écrit (pas assez de crânes!!!!). Et moi qui croyait naïvement que mes années de flic pourtant très bien notées auraient servi à quelque chose...grosse déception.

 

Mais je réagis vite. Affecté, le lundi matin en section de roulement, je n'y suis resté qu'une matinée! L'après-midi, je vais voir l'homme de science et leur en met pour 15 jours. Je vais voir le syndicat avec tout mon dossier administratif pour me défendre. Au bout de 15 jours, rien. Rechute pour 15 jours. Au bout du mois, comme par hasard, j'obtiens ma mutation en bureau de police.

 

Claude

Hélas, le ressort était cassé. Mais sur le terrain avec les collègues, je bossais. D'ailleurs, le premier jour en Bureau de Police, superbe interpellation de voleuses à l'étalage qui avaient fait le tour de la ville. Un plein coffre de bouteilles d'alcool. Le lendemain, rebelotte, nouvelle affaire et superbes féloches du patron de la Sureté. On croit rêver! Pour certains, j'étais sûrement un mauvais.

2 années après, en 2000, je perds mes 3 collègues principaux qui prennent tous leurs retraites par anticipation. Là, je craque et je finis ma carrière en Congés Longues Durées, ne voulant pas leur faire de cadeau.

Triste fin de carrière à laquelle je ne m'étais pas préparé. Je ne pensais pas que cela se passerait de la sorte. Je m'étais tellement investis dans mon boulot.

Claude

Je n'ai aucun regret sur ma carrière de flic ou juste un petit quand même... ne pas avoir connu les CRS, qui partaient en outre-mer à l'époque.

Article de Claude.

Retour au menu
Logo APP